Ode à l'Oiseau

Publié le par Djilali

                             
         La tête dans les étoiles ou le regard sur la rivière, et la curiosité pendue aux arbres, me voilà projeté dans l’émerveillement de tes chants et de tes variétés aux couleurs chatoyantes de beauté ordonnée.

               

C’est qu’il est beau, le bougre : du plus petit moineau au paon splendide étalant sa robe en éventail ! Que dire du toucan au bec jaune et à l’œil auréolé de noir. Que dire de l’oseau-paradis faisant sa cour à sa femelle en mal d’amour. Que dire du flamant rose, en meute sur le lac Victoria. Que dire du chardonneret jaune et noir qui enchante nos jardins au printemps. Que dire de la cigogne caquetant dans son nid en haut du minaret. Que dire de l’aigle royal, “maître incontesté des hauteurs”. Que dire de l’oie sauvage parcourant des milliers de kilomètres pour aller nicher ailleurs, sur la terre de ses ancêtres. Que dire de l’albatros plongeant dans l’océan, attrapant le poisson dans les ondes bleues. Que dire enfin du cygne gracieux sur le lac paisible et reposant. Que dire du canard col-vert atterrissant mieux que n’importe quel avion de chasse sur sa rivière aux ajoncs tendus vers le ciel.

                 

L’homme, obsédé par ton aisance de vol, se prit du désir de t’imiter. Il y parvint, le bougre, après s’être tué, puis avoir pris des leçons sur la perfection de tes ailes. Il y est arrivé, au prix d’efforts soutenus, longs de générations après générations. Il appris les airs dans un ciel d’azur, comme toi, cependant sans jamais t’égaler dans ton aisance et ta dynamique, toujours obligé de parer par d’autres moyens ses déficiences d’adaptation. Rien n’y fera, il ne pourra jamais t’égaler, même si, par certains côtés, il t’a devancé. Car toi, Oiseau, tu n’as jamais été sur la lune. Les espaces sidéraux te sont interdits. Ils ne sont pas prévus pour toi. Ton rôle primordial est de nous enchanter de tes robes multicolores et de tes chants harmonieux, sans lesquels la terre ne pourrait résonner de musique céleste

            

         Donc tout est bien à sa place. Et homme, garde-toi de mettre ton désordre là-dedans au risque de te perdre et de disparaître en tant qu’espèce vivante de cette belle planète bleue. Cesse de faire le prétentieux, le prédateur sans scrupule, et regarde les choses en face ! Tes conquêtes sont fragiles, tes réussites sont remises sans cesse en question.  Tu as réussi à faire de ta maison, qui n’est pas la tienne mais celle de toutes les espèces vivantes, une poubelle malodorante et pestilentielle. Tu as coupé tant d’arbres, que l’Oiseau, ton “enchanteur Merlin” n’a même plus où nicher pour faire naître ses oisillons. Que dirais-tu si l’on t’en faisait autant, fossoyeur de beauté, accapareur de richesses ? Toi, le pauvre terrien paumé.


             

Fais attention ! tu joues avec le feu et tu as libéré des forces que tu ne contrôles plus. Tu as perdu la tête avec ton orgueil de dominateur malade de pouvoir. Tu abîmes plus que tu ne construis sur la Terre-Mère, dans un irrespect frisant la démence.

Attention ! Libérer les forces harmoniques de la musique des sphères et trafiquer à sa guise la danse des éléments, en mettant à la place ta cacophonie, pourrait bien te retomber sur le nez … La punition viendra du ciel … un ciel sans oiseau.

Adieu alors la contemplation de ses couleurs parmi les plus belles et les plus attrayantes aux yeux des humains émerveillés de ses splendeurs, adieu sa mélodie chantante à nos oreilles.


                      

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