Ode à la Cigale

Publié le par Djilali Jamaï

Jolie Cigale assourdissante de mes étés brûlants, quand tu sors de terre où ta gestation s’est accomplie, toute pâle, tu durcis vite tes membrures pour entamer ton chant de vie très courte.

           

Vite, tu t’envoles vers le tronc protecteur d’un pin et tu prends la couleur de son écorce, par mimétisme, afin de te rendre invisible à l’œil nu de tes prédateurs. Dont les hommes qui te collectionnent pour leurs enfants. Heureusement, ils n’ont pas les pouvoirs des serpents qui eux, possédant une vision thermo-colorée, leur permet de te détecter. Leur vue est médiocre, leurs yeux ne sont pas très performants. 

 Cachée, plutôt collée sur le tronc de l’arbre choisi, tu entames ton parcours d’enchanteresse de la saison chaude, dans l’ère géographique d’accueil inscrite depuis des lustres dans ton programme génétique. 

Tu te crois en sécurité. Il se trouve bien un attentif à tes chants de vie pour te débusquer et tenter de te saisir pour sa collection d’insectes. Adieu alors ton cri, tu t’es faite repérer et quoique tu fasses la morte, pour mieux te protéger, il te débusque, le monstre. Rien n’y fait, le coquin te prend dans ses filets. Il va te faire passer un mauvais quart d’heure. Tu finiras dans une boîte auprès d’autres spécimens très recherchés. 

Tes consoeurs, si nombreuses, se chargeront cependant d’enchanter, l’espace d’un été, la belle saison des lavandes, où ta sœur, l’abeille, va sans cesse butiner les fleurs, prélevant sur ses pattes le poudreux pollen qu’elle transportera dans la ruche, pour sa reine, tout en affinant le succulent miel des fleurs choisies. Un gourmand préleveur, pas des moindres prédateurs, viendra l’extraire de la ruche pour en faire lucratif gain. Vendu, il sera apprécié par quelques palais goûteux, fins appréciateurs de ce nectar des dieux. 

Merci à toi, belle Cigale enchanteresse de mes étés. Que la prédation des humains sur terre ne te fasse pas disparaître au détriment d’une route bitumée, bruyante et assourdissante sans harmonie. Mais cela est une autre histoire …


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